Mythes et réalités des études collégiales

Les différences entre la perception des gens et la réalité

Il y a parfois des différences entre la perception des gens et la réalité. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne la vie et le cheminement scolaire au niveau collégial. Les parents, dans leurs rôles de support et de conseil, transmettent fréquemment leurs perceptions quant au cheminement scolaire idéal ou « souhaitable ». À nos yeux, plus les parents sont informés, plus ils sont en mesure d’apporter un soutien approprié, en étant présent et en écoutant leur jeune adulte, en lui apportant un soutien financier ou encore, en lui refilant une bonne information. Comme parents, vous avez une certaine perception des différents cheminements que peuvent emprunter vos jeunes ou encore de « la vie » au niveau collégial. Ces perceptions sont formées par votre propre expérience ou encore par de l’information recueillie auprès d’amis, de collègues, via les médias, etc.. Par contre, est-ce que ces perceptions sont toujours fidèles à la réalité du réseau collégial d’aujourd’hui? Sont-elles réellement fondées, si non, pourquoi?

Voici quelques perceptions et quelques mythes qui circulent fréquemment à propos du cégep. À travers ma lorgnette de conseiller d’orientation, je tente de vous fournir de l’information vous permettant de vous faire une meilleure idée à ce propos :

« Sciences humaines sans mathématiques, c’est sciences vacances »
  • Le nombre d’heures de cours par semaine est pratiquement le même que celui du programme de sciences humaines profil « avec maths ».  Des cours provenant d’autres disciplines « remplacent » les cours de mathématiques 103, 203 et 105. Le profil « sans maths » ne comporte pas moins de cours que le profil « avec maths »;
  • Les universités demandent comme conditions d’admission pour plusieurs programmes, un DEC en sciences humaines, sans spécifier avec ou sans mathématiques (en plus de certains cours préalables)
  • Dans le profil « sans mathématiques », il y a tout de même des cours de mathématiques avec le cours de méthodes quantitatives (360-300-RE) et la possibilité de faire le cours de méthodes quantitatives avancées (360-301-RE). Ces cours sont fréquemment demandés comme préalables dans les programmes universitaires à haut contingentement;

 

« Va en sciences humaines profil “avec mathématiques” cela ouvre plus de portes »
  • Le profil « avec maths » ou « administration » devrait intéresser particulièrement les étudiants envisageant de poursuivre leurs études à l’université dans les domaines de l’administration, de l’économie et de l’enseignement des mathématiques, car c’est dans ces domaines que les cours de mathématiques 103, 203 et 105 sont exigés. Donc, oui, le profil « avec maths » ouvre plus de portes, mais encore faut-il que ce soit des programmes qui intéressent l’étudiant;
  • Évidemment, les cours de mathématiques des profils « avec maths » ou « administration » permettent d’acquérir des connaissances et une logique qui s’appliquent à différentes sphères du savoir et des études supérieures. Par contre, il est préférable de savoir pour quelles raisons on choisit les profils « avec mathématiques » ou « administration ». Pourquoi? Par ce que si un étudiant est plutôt faible en mathématique et qu’il va vers le profil « avec maths », il risque de vivre des échecs qui peuvent avoir une influence sur son acceptation dans les programmes contingentés à l’université. Par exemple, si l’objectif d’un étudiant à l’université est le programme de criminologie (qui ne demande pas les cours de mathématiques) mais que l’étudiant choisit le profil sciences humaines « avec maths », mais  rencontre des échecs à ces cours. Malheureusement, ces échecs affecteront à la baisse sa CRC et comme le programme de criminologie est contingenté, sa CRC « plus faible » pourrait l’empêcher d’être admis à ce programme. Il faut prendre cet aspect en considération dans son choix de profil;
  • Dans le cadre du processus d’admission à un programme universitaire qui ne demande pas comme préalables les cours de mathématiques du profil « avec mathématiques » ou «  administration ». Par exemple, le baccalauréat en psychologie, le fait d’avoir réussi les cours de mathématiques 103, 105 et 203 ne donne aucun avantage dans le processus de sélection. À ce moment, la CRC, la réussite des préalables sont les facteurs pris en compte.  Parfois, certains programmes ont également des exigences particulières telles des entrevues ou des évaluations psychométriques

 

 « Sciences de la nature est un programme qui ouvre toutes les portes à l’université »
  • En effet, le programme de Sciences de la nature ouvre plusieurs portes, mais il vaut mieux être conscient que les programmes du domaine de la santé sont très contingentés et que pour y être admis il faut avoir d’excellents résultats (et donc une excellente CRC) ;
  • Les finissants de Sciences de la nature se tournent fréquemment vers les programmes des sciences pures et appliquées qui, généralement, sont moins contingentés;
  • Il faut savoir, que si un étudiant décidait de se tourner vers un programme universitaire d’un autre domaine, il risque de devoir compléter en surplus de son programme des cours préalables et que dans le cas d’un programme contingenté, sa CRC ne sera pas bonifié lors de l’étude des dossiers en vue de l’admission au programme;

 

« En choisissant un DEC du secteur technique, je ne pourrai pas aller à l’université »
  • Maintenant, plusieurs programmes du secteur technique permettent d’avoir accès à l’université dans des programmes reliés à la technique complétée;
  • Au cégep de Sorel Tracy, il y a des possibilités de parcours DEC-BAC pour les programmes de Techniques de comptabilité et de gestion, Soins infirmiers, Environnement, hygiène et sécurité au travail, Techniques en éducation spécialisée., Techniques de bureautique et Techniques de l’informatique. De plus, les finissants des programmes de Technologie de l’électronique industrielle et de Technique de génie mécanique peuvent se tourner vers des études universitaires à l’École de technologie supérieure ;
  •  Les programmes de DEC-BAC sont nombreux, il suffit de vérifier l’information sur les sites internet des universités concernés;

 

« Étudier dans le domaine des arts c’est intéressant, mais c’est impossible de trouver un emploi »
  • Il n’est pas impossible de trouver du travail dans le domaine des arts, certains programmes de ce domaine offrent de bons taux de placement, mais certes, les emplois sont souvent moins nombreux. Cependant, la grande différence que l’on observe en comparant les programmes du domaine des arts à ceux des autres grands domaines d’études n’est pas tant les taux de placement en emploi, mais la façon de s’intégrer au marché du travail;
  • Quand un étudiant complète un DEC en arts et lettres, il peut viser l’université dans certains programmes reliés aux arts à l’université, mais il peut également se tourner vers un bon nombre de programmes des sciences humaines. De plus, en ajoutant un seul cours de mathématiques il peut accéder à des programmes tels : architecture de paysage, design architectural, design industriel et design d’intérieur;

 

« Au collégial, les étudiants ne sont que des numéros, les profs. ne les connaissent pas »
  • Au collégial, les professeurs ont à cœur la réussite de leurs étudiants. Le nombre d’étudiants au cégep de Sorel-Tracy permet de créer un contexte d’enseignement où la dimension humaine prend une grande place. Donc, non, au cégep de Sorel-Tracy, les étudiants ne sont pas que des numéros, bien au contraire;

 

« Avec mon horaire au cégep, je peux facilement travailler 30 heures à mon emploi chez l’épicier du coin »
  • C’est possible, mais les impacts peuvent être importants sur les résultats scolaires. En effet, les étudiants ont moins d’heures de cours en classes qu’au secondaire, mais il ne faut pas oublier que la charge de travail exigé à l’extérieur des cours est importante. En « comblant » les heures sans cours par le travail rémunéré, il devient très ardu voir impossible de bien réussir chacun des cours de sa session;
  • Les études concernant le travail rémunéré des étudiants au collégial indiquent qu’au-delà de 20 heures par semaine, il y a des impacts sur la réussite académique. Dans un contexte où les échecs demeurent pour toujours au dossier de l’étudiant, il est préférable d’être très prudent;

 

« Faire un changement de programme, c’est que tu as perdu ton temps »
  • au collégial, environ 30 % des étudiants vont changer de programme pendant leur parcours au collégial;
  • les cours de formation générale (français, philosophie, anglais, éducation physique et cours complémentaires) seront reconnus dans le nouveau programme de l’étudiant. Cela peut cependant varier selon le programme choisi pour les cours complémentaires;
  • Bien que les causes d’un changement de programme puissent être multiples, on remarque que la période de fréquentation du cégep coïncide avec une période où les jeunes adultes forment leur identité, donc c’est une période de changement. Par conséquent, ce qui semblait aller de soi l’an passé peut ne plus faire de sens maintenant. Ils doivent prendre des décisions importantes et c’est déjà un apprentissage en soi, ne l’oublions pas;
  • C’est particulièrement dans ces périodes de remise en question que les étudiants ont besoin de support, des amis, des proches et des parents;
  • Si l’on plaçait, sur la durée d’une « vie professionnelle » la perte, d’une, deux, trois ou quatre sessions au cégep…. Si une vie sur le marché du travail dure environ 35 à 40 ans, n’en vaut-il pas la peine de changer de programme à 19 ou 20 ans pour aimer et apprécier plus son travail pendant toutes ces années?

 

« Va à l’université, tu vas avoir un emploi bien plus payant »
  • Il s’agit d’une affirmation qui englobe tous les programmes, la réalité est infiniment plus complexe. De plus, la perception de ce qui est « payant » est propre à chacun. Si on pense à l’emploi de manière plus globale, est-ce qu’il y a seulement des avantages à avoir un emploi très payant et n’y a-t-il que des inconvénients à avoir un emploi moins « payant ». Il y a des programmes techniques qui donnent accès à des emplois très bien rémunérés et des programmes de baccalauréat qui permettent d’exercer des emplois moindrement rémunérés. Par contre, les finissants des programmes universitaires arrivent généralement à obtenir des rémunérations supérieures lors de leur intégration sur le marché du travail;
  • Selon nous, le choix d’une carrière devrait se faire en lien avec les intérêts, les valeurs, les aptitudes et les attentes d’une personne face au marché du travail. Certes, la rémunération peut-être un facteur dans la prise de décision vocationnelle, mais pour un choix gagnant, il ne devrait pas être le seul;

 

« Rendu au cégep, nous les parents on ne peut plus rien faire pour les aider à réussir, c’est entre leurs mains »
  • Les parents sont des acteurs à part entière de la réussite de leur jeune au collège ;
  • Le soutien parental améliore la persévérance scolaire chez les étudiants, c’est un fait documenté, mais peu visible dans l’actualité;
  • Différentes études démontrent que les parents sont encore très présents dans la vie des cégépiens. Les étudiants qui peuvent compter sur le soutien de leurs parents ont en général de meilleures notes, ne travaillent pas 25 heures ou plus par semaine et persévèrent davantage dans leurs études. Seulement pour donner un ordre de grandeur, notons que 72 % des cégépiens habitent toujours chez leurs parents et 70 % reçoivent une aide financière pour payer les frais d’inscription ou les manuels scolaires;

Pour information

Claude Levesque
Conseiller d’orientation
450.742.6651 poste 2602
claude.levesque@cegepst.qc.ca


Bibliographie
  • Bourdon, S., Charbonneau, J., Cournoyer, L. et Lapostolle, L. (2007). Famille, réseaux et persévérance au collégial, Phase1, Rapport de recherche, Sherbrooke: Université de Sherbrooke, Équipe de recherche sur les transitions et l’apprentissage.
  • Cournoyer, L. (2008). L’influence des acteurs du réseau social sur le projet professionnel des collégiennes et des collégiens. Thèse de doctorat en éducation. Université de Sherbrooke.
  • Roy, J.,  Bouchard, J., et Turcotte, M.-A. en collaboration avec Gauthier, M. (2008). La conciliation travail et études chez les cégépiens : un paradigme en évolution. Étude sur le travail rémunéré et la réussite scolaire dans le réseau collégial, rapport de recherche PAREA, Québec, Cégep de Sainte-Foy et Observatoire Jeunes et Société.